ADAPTIVE BOUNDARIES

Prix de Rome en architecture 2017

À propos

PRIX DE ROME 

Le Prix de Rome professionnel en architecture est décerné par le Conseil des Arts du Canada est attribué annuellement à un jeune praticien de l’architecture ou à un bureau d’architectes qui a complété ses premières œuvres bâties et qui fait preuve d’un potentiel artistique exceptionnel.

Le prix encourage le développement de l’excellence artistique au sein de la pratique architecturale contemporaine en permettant aux lauréats de voyager de par le monde pour parfaire leurs connaissances, faire progresser leur pratique et accroître leur présence à la culture architecturale sur la scène internationale.

Il incombe à chaque candidat de définir le programme de travail et les destinations qui conviendront le mieux au développement et au rayonnement de sa pratique. Les déplacements peuvent consister en de multiples voyages effectués à différents endroits et étalés sur une période de deux ans. 

La firme montréalaise KANVA  avec sa proposition Adaptive Boundaries est récipiendaire du Prix de Rome en architecture 2017.

Ce texte est tiré la description officielle du Prix de Rome par le Conseil des Arts du Canada.
Pour plus d'informations, visitez le site web du Conseil des Arts du Canada.

Collaborateurs

  • Cary Wolfe, est titulaire de la chaire Bruce et Elizabeth Dunlevie en langue anglaise à l'Université Rice et est éditeur fondateur du 3CT : Centre for Critical and Cultural Theory et l’éditeur de la série Posthumanities pour la Minnesota Press. Il développe à travers de nombreux ouvrages tel que Animal Rites: American Culture, the Discourse of Species, and Posthumanist Theory, What Is Posthumanism? (Posthumanities) et Before the Law: Humans and Other Animals in a Biopolitical Frame les notions de bioéthique et de droit animal à travers une perspective post-humaniste.

  • Professeure associée à l’école d’architecture et d’aménagement de l’Université de Buffalo, Joyce Hwang est aussi directrice de la firme d’architecture Ants of the Prairie, cabinet  prônant l'inclusivité pour tous les êtres vivants au sein de l'environnement urbain. Hwang est récipiendaire des prix Architectural League Emerging Voices Award (2014), the New York Foundation for the Arts (NYFA) Fellowship (2013), the New York State Council on the Arts (NYSCA) Independent Project Grant (2013, 2008) et du MacDowell Colony Fellowship (2016, 2011). Dans le cadre de sa pratique, Hwang a développé une série de prototypes visant à transformer la perception et les réalités de l’écologie urbaine par la créativité. Ses projets, Bat Tower, Bat Cloud et Habitat Wall, ont été largement reconnus tant à l’échelle nationale qu’internationale. 

  • Professeur associé à l’école d’architecture de l’Université Yale et directeur principal de Urban Ecology Design Lab (UEDLAB), Felson est architecte paysagiste et écologiste senior certifié, formé en ressources terrestres. Il se spécialise dans l'intégration de systèmes urbains biologiquement riches (infrastructure verte), par l’implantation d’une méthodologie de design ancré dans la recherche, le prototypage urbain et la gestion adaptative. Felson a contribué à de nombreux projets de grande envergure tels que le projet Rebuild by Design pour Resilient Bridgeport, les jardins de biorétention de Bridgeport, le projet Million Trees de New York, le HUD National Disaster Resilience Competition, ainsi que le Resilient by Design Bay Area Challenge.

  • Jørgen Johan Tandberg est professeur assistant à l'École d'Architecture et de design de l'Université d'Oslo et est le directeur de l'agence d'architecture Arkitekt MNAL. En 2009, Tandberg en collaboration avec Yo Murata a remporté le concours international RIBA consisant en la conception d’une BatHouse appelée à être située au London Wetland Centre, lieu sûr pour les chauves-souris en voie de disparition et conçue avec l'aide du Bat Conservation Trust. Tandberg a participé à un projet de recherche de troisième cycle; Anarcity, analysant le contexte d’une ville anarchiste sans règles ni gouvernance. Son travail a été reconnu au sein de publications telles que AD, Architectural Review, Conception de bâtiments, Sculpture Magazine, et Norske Arkitektkonkurranser.

  • J.B. MacKinnon est professeur auxiliaire à l’école de journalisme de l'Université de la Colombie-Britannique, journaliste pigiste et auteur de quatre livres documentaires, dont The 100-Mile Diet (avec Alisa Smith), I Live Here (avec Mia Kirshner, Michael Simons et Paul Shoebridge) et Dead Man in Paradise. Le dernier livre de MacKinnon, The Once et Future World Nature, aborde les notions de décalage, d'amnésie des états passés de la nature et de la promesse de ré-écriture des références face à celle-ci. L’ouvrage fût un best-seller national au Canada et le lauréat du U.S. Green Prize for Sustainable Literature.

  • Adam Kuby est un artiste établi dans la ville de Portland, récipiendaire de nombreuses bourses et reconnaissances, il a remporté le prix de l’Oregon Art Commission Scholarship, celui du Public Art Network Awards ainsi que le Prix de Rome en architecture de Paysage (2014-2015). Abordant les notions de temps, de changement allant de la désintégration à l'érosion, Kuby crée des univers convaincants questionnant l'état de l'environnement bâti, en particulier les paysages sous-exploités. Il combine des éléments de l'architecture paysagère, de la sculpture, de la foresterie urbaine et de l'écologie pour remettre en question la légitimité des frontières définies et explorer le potentiel de coexistence inter-espèces. Kuby a créé de nombreuses œuvres d'art public offrant de nouvelles perceptions de l'environnement naturel tout en enrichissant les écosystèmes avoisinants. Ses différentes œuvres sont exposées à Seattle, Tacoma, Calgary, Portland, Vancouver et Aberdeen. Il a récemment complété une résidence de création à la fondation Robert Rauschenberg située à Captiva en Floride.

Voyages

Recherche

OBJECTIFS 

Le programme de recherche lauréat du Prix de Rome 2017,  «Adaptive Boundaries» vise à explorer de nouvelles approches architecturales intégrant une vision plus sensible, ainsi qu’une mutualité aux êtres vivants partageant l'environnement bâti.

L'objectif de cette recherche consiste à approfondir notre pratique et à sensibiliser le public aux implications de l'activité humaine sur l'environnement. Affirmant la nécessité d'un changement de perspective entre les limites des habitations humaines et les habitats naturels, nous cherchons à initier une réflexion face aux différentes normes de cohabitation tout en favorisant un bâti plus inclusif. Nous aimerions prendre part au positionnement d'une architecture adaptative, où la façon dont nous construisons est repensée afin de prioriser une approche moins intrusive et synonyme d'une compréhension globale.

La pertinence de cette recherche s’inscrit dans une progression intégrale de la pratique; en s'engageant dans ce programme d'étude, il s’agit de créer des liens avec différents spécialistes du domaine qui participerons à trouver des solutions créatives dans une perspective biocentrique. KANVA croit qu'il incombe à l'architecte de créer des habitats alternatifs, dans le but de bonifier l'environnement dans une réflexion pluridisciplinaire sur les impacts et bénéfices potentiels de notre pratique au sein de la biodiversité.

CADRE DE LA RECHERCHE 

Le cadre de la recherche vise la création d'un outil de conception visant à révéler la complexité de l'architecture biocentrique, à rendre visibles les liens entre des notions apparemment disparates et à formuler de nouvelles possibilités de conception inclusive. La compilation d'informations et de notions ainsi que le tissage de lien entre les différents champs de pratique seront les objectifs principaux des ateliers.

L'objectif principal de cet outil est de sensibiliser la nouvelle génération de designers dans l'espoir de changer l'approche architecturale normative. Les informations compilées à partir de la recherche se concentreront sur les nombreuses questions qu’impliquent le fait de rendre les frontières entre tous les êtres vivants plus fluides et perméables. Les utilisateurs de l'outil seront invités à collaborer dans le cadre de la conception d'un projet prédéterminé en explorant les notions existantes / exploratoires et leurs conséquences en termes d'architecture biocentrique. Les actions requises pour utiliser cet outil aideront à approfondir la discussion et permettre une réflexion sur une architecture en dialogue avec les écosystèmes.

Et après…

Ponctuée de voyages, de découvertes, de rencontres et de moments de partage, notre expérience du Prix de Rome fut extrêmement enrichissante. Nous avons beaucoup appris des collaborateurs et de leurs invités au cours des ateliers, mais également à travers leurs livres, articles et installations artistiques. Cette expérience a amené des réflexions profondes, non seulement sur le sujet de l'architecture biocentrique, mais aussi sur les choix que nous faisons au quotidien dans nos vies personnelles. D'une certaine manière, elle nous a changé en tant qu'êtres humains.

Le programme de recherche a conduit KANVA à se poser de nombreuses questions sur notre pratique : Qu'est-ce que cela signifie « être durable » ? Plus important encore, comment atteindre un équilibre global ? Cependant, il s’agit de questions complexes, et nous n'avons pas de formule claire pour parvenir à une solution. Nous n'en sommes qu'à l’humble étape de la mise en avant de l'importance de ces interrogations dans le domaine de l'architecture et pour le grand public.

Non seulement nous avons énormément appris des données collectées lors de ces années de recherche et grâce aux ateliers menés, mais nous avons également, depuis intégré ce procédé de recherche à notre pratique. Nous menons régulièrement des ateliers participatifs auprès de nos clients et d’experts, souvent inspirés de la méthodologie développée et appliquée dans le cadre du Prix de Rome. Ce procédé, nous aide grandement dans la conceptualisation des projets.

L'expérience du Prix de Rome, nous a permis de créer un précieux réseau. Les ateliers n'étaient pas seulement professionnels, mais également profonds et authentiques dans le partage avec les collaborateurs et invités. Lors de chaque voyage, nous avons eu la chance d’être accueilli chaleureusement par nos collaborateurs, avec lesquels nous passions plusieurs jours. C’est avec plaisir qu’au fil des visites, nous avons appris à les connaître personnellement, que nous avons découvert leurs centres d’intérêts, leur mode de vie et leur impression du tissu urbain local.

Sur un plan plus personnel, Adaptive Boundaries a rendu chacun d'entre nous, à KANVA, plus humble dans son approche du sujet de l'architecture biocentrique. Elle a fait de nous de meilleurs parents, de meilleurs humains dans notre partage de la planète avec les autres. Elle nous a permis de comprendre la nuance, tout en nous donnant un certain degré d'anxiété écologique.

Néanmoins, la fin de cette expérience du Prix de Rome n'est que le début de son impact sur notre pratique. Sur le long terme, les outils de pensée et de conception générés par les ateliers provoqueront continuellement des réflexions sur notre pratique de l’architecture. Nous espérons que l’association de cette bourse prestigieuse au nom de notre firme KANVA, l’établisse d’avantage en tant que pratique de l'architecture sensible et nous offre une plus grande crédibilité auprès de nos clients afin de les convaincre d'opter pour des options plus biocentriques dans leur projet.

Nous avons beaucoup réfléchi à la manière de diffuser un message qui aurait sur le public un impact similaire à celui que nous avons ressenti, tout en conservant le sentiment d'importance et d'urgence. Nous espérons que cette diffusion sera, d'une certaine manière, un type de manifeste environnemental.

Au-delà de l’achèvement du programme de subvention, KANVA cherche à œuvrer dans le domaine public pour mettre de l’avant les apprentissages et transformer les résultats des recherches en œuvre artistique éphémère. Les données compilées suite aux ateliers rendus possibles par le Conseil des arts du Canada, se déclinent en vingt-six questions centrées sur l’idée de rendre les frontières entre les humains et les autres êtres vivants plus fluides et perméables, dans l’espoir d’apporter des changements importants à l’approche architecturale normative qu’on connaît aujourd’hui. Ces questions provoquent une réflexion, une émotion, elles traitent de l’impact de l’humain dans le monde, et de la place que nous laissons aux espèces vivantes avec qui nous cohabitons.